SOVANA
Premier
jour
UN
PEU D'HISTOIRE
-
Dès le VII siècle a.C., les Etrusques occupent
ce territoire.
- Fin
du VI siècle a.C.: début de la décadence
étrusque.
- Au
III siècle après Jésus-Christ, à
l'époque romaine, Sovana reconquiert une certaine importance.
C'est à cette époque qu'une première
agglomération se forme et qu'un évêque
s'y installe.
- Entre
le VI et le VII siècle, Sovana est occupée par
les Lombards.
- Au
début du IX siècle, une famille lombarde originaire
de Lucques se crée ici un énorme domaine. Il
s'agit des Aldobrandeschi. Leur nom italianisé cache
mal la consonance germanique. Au Nord, on les appelle d'ailleurs
Hildebrand.
- 1073-1085.
Un membre de la famille Aldabrandeschi devient pape sous le
nom de Grégoire VII.
Il
était né vers 1020 à Sovana. Entré
tout enfant au monastère clunisien Sainte Marie de l'Aventin
à Rome, il devient en 1045 secrétaire du pape Grégoire
VI, auquel il resta fidèle dans sa disgrâce. A la
mort du pape, on 1048, il se retire dans un monastère,
peut-être même Cluny, et est dès lors complètement
gagné aux idées réformatrices qui se développent
depuis un siècle dans les milieux monastiques. A partir
de 1049, sous plusieurs pontificat, successifs, le moine Hildebrand
est étroitement associé au gouvernement de l'Eglise,
li accomplit de nombreuses ambassades, notamment on France et
en Allemagne. Après la mort d'Alexandre II, le 21 avril
1073, il est acclamé pape par la foule romaine, et les
cardinaux ratifient sans difficulté ce choix. Comme l'explique
Michel Mourre: "Grégoire VII devait consacrer tout
son pontificat à la réforme qui porte son nom. La
réforme grégorienne". Il a cristallisé
tous les efforts tentés en ce sens dans l'Eglise depuis
la fondation de Cluny (909). Son rôle historique fut d'affirmer
l'indépendance de l'Eglise en face du pouvoir séculier
et, notamment, du pouvoir impérial, tout en ramenant les
clercs au respect de leur devoir par la lutte contre la simonie
et l'immoralité. Dès 1075, au synode de Rome, il
prit un décret condamnant en bloc les investitures laïques,
sans d'ailleurs distinguer suffisamment entre l'investiture spirituelle,
qui ne pouvait être contestée à l'Eglise,
et l'investiture temporelle, qui semblait relever plus justement
de l'autorité laïque. Ce décret de 1075 souleva
de vives oppositions en Allemagne, en France et en Angleterre.
Grégoire VII précisa sa pensée dans un recueil
les "Dictatus papae", qui posaient les bases d'une théocratie
pontificale, en affirmant le droit du pape à déposer
les souverains. Insurgé contre ces prétentions,
l'empereur allemand Henri IV, qui s'appuyait sur une Eglise à
sa dévotion, réunit ses évêques au
concile de Worms, en janvier 1076, et leur fit décréter
la déposition de Grégoire Vll. Celui-ci répliqua
en excommuniant Henri IV. Cette mesure sans précédent
eut un retentissement énorme . Henri IV se vit rapidement
abandonné par tous et dut se résigner à aller
demander le pardon de Grégoire Vll, qui se trouvait au
château de la comtesse Mathilde, à Canossa. Après
avoir attendu pendant trois jours dans la neige, Henri obtint
la levée de son excommunication, le 25 janvier 1077. Cependant,
Grégoire VII n'entendait pas le réintégrer
dans la royauté, et quand les Electeurs allemands prononcèrent
à leur tour sa déchéance et son remplacement
par Rodolphe de Souabe, Henri IV prit les armes.
Grégoire Vll l'excommunia de nouveau, en mars 1080, mais
Henri IV, débarrassé de son rival Rodolphe, mort
au combat, marcha sur Rome et y intronisa un antipape, Clément
III, qui lui remit la couronne impériale, en mars 1084.
Grégoire VII, réfugié chez les Normands de
l'Italie du Sud, mourut un an plus tard, en apparence vaincu.
Cependant, il laissait à ses successeurs un exemple et
une doctrine qui ne devaient pas être perdus. C'est sur
les fondements posés par Grégorio Vll que le pouvoir
pontifical du Moyen Age put atteindre son apogée avec Innocent
III.
-
1270. Marguerite, la seule fille du dernier des Aldobrandeschi,
épouse un des chefs les plus illustres du parti Guelfe
: le comte de Montfort, vicaire de Charles d'Anjou, cousin
du roi d'Angleterre et parent de l'empereur d'Allemagne.
-
1297. Anastasia, fille de Marguerite et de Guy de Montfort,
épouse Romano Orsini. C'est de ce couple que descend
la famille des Orsini de Pitigliano qui pendant plusieurs
décennies sera en lutte contre la commune de Sienne
- 1410.
Sienne prend le contrôle de Sovana et de tout le territoire.
- 1557.
Sovana fait partie du grand-duché de Toscane.
- 1743.
Les Lorraine, qui ont succédé aux Médicis,
essaient de relancer l'économie de la région
en installant à Sovana cinquante-huit familles lorraines.
Rocca
Aldobrandesca
Ce
château, construit par les Aldobrandeschi au XI siècle,
a pour fondations des constructions étrusques. Le bâtiment
a été reconstruit aux XIII et XIV siècles,
restauré en 1572, puis malheureusement abandonné
au XVII siècle.
Via
di Mezzo ou Via del Pretorio
La voie principale qui relie la Rocca à la Piazza del Pretorio
a conservé des traces de son pavement en briques disposées
en arêtes de poisson. Il remonte au temps de Ferdinand I"
de Médicis (fin du XVI siècle).
Palais
communal ou Palazzetto dell' Archivio
Ce
bâtiment date des XII et XIII siècles. Tout son charme
lui vient de sa base évasée, de son petit campanile
et de son horloge.
Ce palais a donc été construit au moment où
la commune de Sovana a obtenu ses libertés politiques.
Plus tard, il deviendra le siège de bureaux administratifs,
d'où son nom de Palazzetto dell'Archivio.
Palazzo
Pretorio
Le
bâtiment remonte au XII siècle et a été
modifié dans la seconde moitié du XV siècle,
puis encore plus tard. Sa façade est ornée de neuf
blasons des capitaines de justice et des commissaires siennois.
A droite de la porte, une petite colonne sur laquelle étaient
collés les avis publics.
A l'intérieur, la grande salle des Audiences est ornée
d'une fresque de l'école siennoise du XV siècle,
représentant la Madone sur un trône avec l'Enfant
Jésus et des saints.
Les salles du premier étage sont également décorées
de fresques. La première représente une Madone à
l'Enfant avec des saints et l'autre le blason de Sovana.
Santa
Maria
Cette
église date des XII et XIII siècles, le campanile
a été reconstruit au XVII siècle.
INTÉRIEUR
L'intérieur à trois nefs est très simple,
des lourds pilastres octogonaux créent une grande impression
de force.
Ciborium protoroman
Ce
genre d'édicule en marbre surmontant un autel est unique
en Toscane. Il avait la même fonction qu'un baldaquin. Le
ciborium de type paléochrétien est tombé
en désuétude au XIII siècle.
Celui de Sovana est donc beaucoup plus ancien que l'église.
Il est orné de motifs sculptés.
Madone
à l'Enfant avec saint Sébastien, sainte Barbara,
sainte Lucie et saint Maximilien.
Cette
fresque est datée de 1508. Comme la Crucifixion que nous
verrons plus tard, elle est attribuée à un élève
d'Andrea di Niccolò qui également travaille à
Montemerano.
Maximilien a été évêque d'Aix-en-Provence.
Selon la légende, il serait un des soixante-douze disciples.
Il apparaît dans l'extraordinaire Pietà d'Ambrogio
Lorenzetti avec les trois Marie, Marthe, Lazare et saint Jean
ainsi que Nicodème et Joseph d'Arimathie.
1508.
Michel-Ange commence à peindre les fresques monumentales
de la chapelle Sixtine.
Trinité.
uvre
de la fin du XV siècle d'un artiste anonyme. En 1425, Masaccio
avait traité ce même sujet à Santa Maria Novella,
à Florence, en appliquant les règles de la perspective
mathématique.
Crucifixion
entre saint Antoine et saint Laurent avec, sur les côtés,
saint Sébastien et saint Roch.
Cette
fresque, datée du début du XV siècle, est
attribuée à un élève d'Andrea di Niccolò.
Crucifixion.
Le
Christ sur la croix est entouré de la Vierge Marie et de
saint Jean avec saint Antoine Abbé et saint Grégoire
le Grand.
Saint
Benoît.
Le
fondateur du monachisme occidental est représenté
de manière très rude.
Chapelle.
Elle
est décorée de fresques du XV siècle. Une
Annonciation, en terre cuite, est entourée de sainte Lucie,
saint Antoine de Padoue, saint Maximilien, Tobie et l'Archange,
une Madone à l'Enfant, attribués à un élève
d'Andrea di Niccolò. Sur la voûte, le peintre a inscrit
le Père Eternel dans une grande mandorle avec les quatre
évangélistes. Cet artiste faisait probablement partie
de l'atelier de Bernardino Fungai.
Avant de quitter cette église, contemplez une fois encore
le ciborium dont la grande simplicité est admirable.
Cathédrale
Saint-Pierre et Saint-Paul (Dôme)
Comme
l'existence du diocèse de Sovana est prouvée dès
le VI siècle, il est probable que l'origine de la cathédrale
est lointaine, mais il est difficile d'établir sa chronologie,
d'autant plus que l'édifice a subi au cours des temps de
nombreux remaniements, dont certains très anciens.
INTÉRIEUR
Selon
Italo Moretti et Renato Stopani, "à une construction
antérieure préromane, ou tout au moins du premier
art roman, devait appartenir la petite crypte, divisée
en nefs par des colonnes trapues aux chapiteaux grossiers, qui
s'étend sous le sanctuaire de l'église actuelle,
mais qui n'a pas de liens architecturaux avec elle. Salmi assigne
cette crypte au XI siècle, mais l'absence d'arcs pour supporter
les voûtes et l'impression d'archaïsme qui émane
de ce lieu font penser qu'il doit être plus ancien ".
"Il est tout de même probable que la cathédrale
de Sovana a été commencée par Grégoire
VII qui, on s'en souvient, est né dans cette ville. Cependant,
la structure du monument semble dans ses parties essentielles
se rapporter au XI siècle. L'église a encore été
agrandie au XIII siècle. Un modeste fragment sculpté
évoque, en effet, un certain chanoine Bruno; il est daté
de 1248. Au XIII siècle encore, on ajouta les voûtes
qui, du fait de leur poids, causèrent des
dommages à la bâtisse et entraînèrent
des travaux de consolidation. "
"La cathédrale se présente comme une vaste
construction de plan basilical, à trois nefs séparées
par cinq grandes arcades à piliers cruciformes, et terminée
par une seule abside semicirculaire. Les dernières arcades
sont beaucoup plus vastes que les autres - presque le double -
du fait que la dernière travée constitue le transept
de l'église, bien que sans saillie à l'extérieur.
La travée de la nef centrale jouant le rôle de transept
est surmontée d'une coupole hémisphérique
qui, à l'extérieur, est protégée par
un bref corps octogonal au-dessus d'un soubassement carré,
selon la coutume lombarde. "
La couverture originelle de la nef centrale devait être
en bois et soutenue par des arcs retombant sur des demi-colonnes
qui s'élevaient jusqu'au niveau de la clé des grandes
arcades.
Le voûtement de la nef centrale trouble en quelque façon
la structure romane.
Chapiteau
historié de l'école lombarde
Ces sculptures assez grossières, mais intéressantes,
confirment que des artistes lombards ont travaillé dans
cette église.
En commençant par le côté qui fait face au
mur du fond, puis en contournant le pilier par la gauche :
- Abraham entre ses deux femmes, Sara et Agar. Chacune tient un
enfant sur les genoux. Abraham est considéré comme
l'ancêtre du peuple de Judas et d'Israël.
- Sacrifice d'Isaac, fils d'Abraham et frère d'Ismaël.
- Un aigle tient un serpent dans le bec.
- Daniel dans la fosse aux lions qui lèchent les pieds
de Daniel.
Il vaut la peine de comparer cette représentation avec
celle de
Sant'Antimo, beaucoup plus importante sur le plan artistique.
o Homme accroupi. Thème très répandu dans
l'art roman.
Selon l'importance du masque ou du corps, la nudité ou
l'habillement, on distingue vices de la chaire ou vices de l'esprit.
Toute une série d'accroupis apparaissent de face dans une
attitude soit infamante, soit lubrique. On découvre ainsi
l'expression de toutes les variations des vices les plus répréhensible,
principalement la luxure et l'avarice.
- Moïse fait sortir de l'eau du rocher ou Moi, fait passer
la mer Rouge aux Hébreux.
Moïse est né de parents hébreux au pays de
pharaons et a été sauvé miraculeusement de
la mort. Elevé à la cour d'Egypte et, semble-t-il,
préparé à la fonction de scribe pour les
contacts des Egyptiens avec les Sémites, il devient le
chef des Israélites pendant l'exode d'Egypte.
Ce chapiteau nous raconterait l'épisode dans le désert
du Sinaï, ou le peuple reproche à Moïse de plus
avoir d'eau. Yahvé conseille alors à Moïse
de frapper le rocher. L'eau jaillit et le peuple peut boire.
- Adam et Eve, et le serpent de la tentation.
- La remise des clés à saint Pierre.
- Une porte et deux tours, avec Samson. Parce que son nom s'apparente
au mot hébreu désignant le soleil et que ses exploits
ont lieu aux environs de Beth Chemech (maison du soleil), on a
souvent rapproché l'histoire de Samson des vestiges d'un
ancien culte du soleil; ses longs cheveux, secret de sa force
surnaturelle, symboliseraient l'augmentation et la diminution
de la chaleur au cours des saisons. Cependant, l'Ancien Testament
le considère comme le libérateur mettant sa force
au service du peuple dans la lutte contre les philistins.
- Chapiteau avec un buf, animal du sacrifice.
- Chapiteau avec deux aigles.
- Urne funéraire en travertin de saint Maximilien. Elle
date de 1490, lorsqu'on a retrouvé le corps du saint.
- Madone à l'Enfant avec saint Jean Gualbert et saint
Benoît. Cette uvre du XV siècle est attribuée
à l'école d'Andrea del Sarto. Elle provient de l'abbaye
de Saint Benedetto à Sovana.
EXTÉRIEUR
L'antique
façade a malheureusement pratiquement disparu car, au XIV
siècle, on y a adossé un édifice pour le
logement des prêtres.
Des constructions postérieures masquent en partie ce qui
reste de l'ancien clocher à plan octogonal, unique en son
genre dans le territoire siennois. Comme expliquent Italo Moretti
et Renato Stopani, "son évidente parenté avec
les divers clochers cylindriques de la zone arétino-siennoise
(Paccina et Corsignano) et arétine fait penser que sa construction
a pu commencer vers la fin du X siècle".
Les nombreux contreforts adossés aux murs indiquent que
l'adjonction des voûtes provoqua des ébranlements
dans l'équilibre de la construction.
Le portail qui s'ouvre dans le latéral de gauche est de
caractère lombard.
Sur les piédroits, une riche décoration offre des
motifs de saveur encore préromane, mais marqués
de figurations humaines et animales en fort relief. Deux têtes
de lions servent d'impostes à l'archivolte, dans le tympan
sont insérés des fragments de reliefs préromans.
Un petit homme, aux jambes et aux bras écartés,
qui semble nager sur l'arc au-dessus de cet ensemble.
Sur le piédroit de gauche la représentation de la
Tentation: une sirène à queue de poisson. Au dessus
d'elle deux paons. Sur l'autre piédroit : un chevalier
brandissant une épée.
L'abside est ornée de têtes d'animaux fantastiques
dont certains mangent leur propre queue. Les colonnettes encastrées
sont assez jolies.
ENVIRONS
-
Tombes étrusques à 2,5 kilomètres
environ, en montant par la Porta di Santa Croce. Parmi les tombes
creusées dans le tuffeau, les plus intéressantes
sont la Grotta Pola avec des traces de peinture polychrome,
la Tomba Ildebranda en forme de temple, qui remonte au
III ou au II siècle a.C., et la Tomba del Tifone
décorée d'une sculpture du II siècle a.C.
Itinéraires
à Saturnia